I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas.
Lykke H. Wijkner
Et la candeur unie à la lubricité Donnait un charme neuf à ses métamorphoses
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Sujet: I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas. Mar 25 Fév - 20:02
I’ll shoot you in the head. Eventually.
Ilyas & Lykke
I’d love to see the shape of your blood on the floor.
L’on aurait pu mettre ça sur le dos de la drogue. Car après tout, elle n’était plus véritablement elle-même, quand elle était sous l’emprise du LSD. Ca lui donnait envie de tuer, ça lui donnait envie de faire gicler du sang et ensuite le voir se répandre au sol. Ca lui donnait des tendances psychopathes, oui. Alors on aurait pu dire que si elle avait essayé de tuer Georg, c’était à cause du LSD. C’était parce qu’elle se trouvait avec lui, et qu’elle avait eu une pulsion meurtrière. Et ça, c’était ce qui lui avait dit. Comme s’il l’avait senti, il avait longuement répété à Ilyas qu’un jour ça risquait d’arriver ; qu’un jour, elle allait disjoncter et chercher à tuer celui avec lequel elle serait. C’était pourquoi Georg était sûr que si jamais elle cherchait un jour à le tuer, Ilyas le croirait quand il lui dirait que c’était à cause de la drogue, qu’elle avait simplement perdu les pédales. Il le lui avait répété, encore et encore, comme s’il s’était douté qu’un jour, elle découvrait la vérité. Car en effet, la vérité, elle la sut, et d’une façon singulière. Et c’était pour ça, qu’elle était là, les pupilles écarquillées, le canon de son Colt favori posé sur le front de l’homme qui l’avait vue grandir.
Peu de gens connaissaient ses liens avec la famille Wijkner, et encore plus avec Georg, notamment parce qu’elle n’était pas connue par son nom, mais par son surnom, la Veuve Noire. Ainsi, seulement peu de personnes savaient qu’elle était en relations avec cette branche de la pègre. C’était pour cela qu’elle ne s’étonna qu’à moitié lorsqu’on lui proposa un contrat sur Georg. Elle était prête à le refuser, mais ce que le gars avait dit sur lui avait attiré son oreille. Et puis quand il lui raconta tout, absolument tout sur lui, comment il avait orchestré la mort de l’ancien patriarche Wijkner, comme il avait rendu Ilyas, et elle-même, orphelins. Sur le moment, elle n’y avait pas cru. L’autre n’avait même pas observé son trouble. Elle avait accepté le contrat, sans trop savoir pourquoi, et puis avait tourné les informations encore et encore dans la tête. Et ça avait du sens. Ilyas avait bien mieux réussi que leur père, il tenait d’une main de fer ses hommes en Suède, et commençait à envahir l’Europe de l’Est avec brio. Alors oui, c’était tout à fait crédible. Et peut-être à cause de ses tendances paranoïaques, des souvenirs qu’elle avait de leur vie après que leurs parents soient morts ; elle y crut, dur comme fer, et elle décida de le tuer. Pour Ilyas. Pour ses parents.
Alors elle l’avait suivi, longuement. Comme elle faisait avec ses autres cibles. Elle avait menti à ses enfants sur là où elle était, à son frère aussi. Elle s’était camouflée dans l’ombre, elle avait attendu qu’Ilyas parte avec ses gardes, et laisse Georg seul avec si peu de défense dans le manoir. Elle s’était glissée entre les gardes, et finalement elle se tenait devant lui, arme à la main. Il n’avait pas cherché à se défendre, il s’était simplement levé, la regardant avec un sourire qu’elle n’avait jamais vu avant. Un sourire moqueur. Et elle sut qu’elle avait eu raison. Il s’était approché d’elle, et elle n’avait pas failli, se contentant de placer le canon de son arme contre sa tempe. Elle le voyait à peine, son cerveau perdu dans des illusions dévastatrices. Elle n’avait pu se résoudre à le tuer en étant totalement stone, c’était simplement trop difficile. Mais elle se rendait compte à ce moment que c’était peut-être une erreur, que ça allait l’aider à plaider son cas. Parce que déjà il commençait, déjà il souriait, comme s’il avait gagné. Comme s’il savait qu’elle ne le tuerait pas. Elle chargea l’arme sans sourciller. Elle n’avait qu’une hâte, sentir son sang éclabousser son visage, le voir tomber par terre et effacer ce sale sourire de ses lèvres.
« Il ne te pardonnera jamais, Lykke. Il se dira que tu as définitivement disjoncté. Il t’en voudra, à jamais, et il t’abandonnera. » **
Elle crispa ses mâchoires, fronçant faiblement les sourcils. Elle avait beau ne pas vouloir l’entendre, ses mots étaient particulièrement clairs à son oreille. Et il souriait encore et toujours. Elle posa son doigt contre la détente, l’air soudainement calme. Elle discerna à peine les pupilles de l’homme passer d’elle à derrière, et elle ne réagit qu’en entendant sa voix, des mots qui ne lui étaient pas adressés.
« Tu vois, Ilyas, je te l’avais dit. Elle est tellement défoncée qu’elle ne discerne plus ses amis de ses ennemis. » **
Elle vit que son sourire avait disparu, et elle se figea. Ilyas était là, derrière elle. Elle n’osait plus bouger. Elle ne quittait pas des yeux ce salaud qu’elle avait contre son canon, la main tenant l’arme si calme, tandis que l’autre tremblait d’une agitation bien visible.
« N’approche pas Ilyas, il ment. » **
Sa voix n’avait pas la force qu’elle aurait voulu y mettre, mais ça ferait l’affaire. Elle savait que si elle lui disait la vérité, il ne la croirait jamais, alors à quoi bon. Elle paraissait distante, comme étrangère à tout ce qui arrivait. Elle ne lâchait pas des yeux le vieillard, incapable de regarder son frère.
** En suédois dans le texte original
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Sujet: Re: I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas. Jeu 6 Mar - 20:27
« I'll shoot you in the head. Eventually. »
Parfois, j'aimerais me noyer, me cogner contre un récif. Ne plus rien ressentir, n'être qu'un bloc sans âme, sans volonté, sans sœur ni famille, sans regrets et pardons en suspensions dans un air pourri et puant. J'aurais aimé ne jamais rentrer ce soir-là. J'aurais aimé avoir des affaires à régler en ville, mais il a fallu que je veuille me reposer dans un fauteuil, lire un bon livre et peut-être même rendre visite à mes neveux. Non, mieux que ça. J'aurais même souhaité avoir assez d'énergie pour entreprendre un voyage, très long voyage vers une destination inconnue, seul ou accompagné, peu m'importe en réalité. Je me sens constamment seul, quiconque partage mes draps, mes bras, mon cœur. Mon souffle. Je me suis toujours senti ainsi, depuis l'enfance : constamment, perpétuellement solitaire bien qu'entouré. Il y a bien longtemps que j'ai perdu espoir. Un espoir qui n'a brillé que quelques années avant d'éclater en vol, se briser au creux de mes mains chétives de petit garçon.
Aujourd'hui, j'ai huit ans. Je me tiens là, debout dans une cuisine grise et fanée, incapable d'articuler le moindre mots. Le rouge ne va pas à Lisbeth. A mon père non plus. Pourtant, ils en sont recouverts, comme des habits de lumière pour une ultime prestation qui fût celle de nous sauver la vie. Alors, Lykke pleure. Moi, je n'en ai plus le droit.
Le reste s'est déroulé mécaniquement, comme une roue dans son sillon, avançant très lentement. Toute ma vie je me suis mis à la recherche d'un coupable. Coupable d'avoir saccagé notre vie en un revers de main et deux balles de neuf millimètres collées dans le crâne de nos parents. Mais il fallait avant tout survivre. De l'argent, je pouvais en avoir. Par tous les moyens possibles et imaginables. Même au-delà de l'imagination. J'ai tout fait. Et j'étouffais. Rien de bien ne me parvenait à l'esprit. Pour vivre j'ai tué. Pour vivre j'ai payé. Je me suis fait payé. J'ai fait payé. A moi-même et aux autres, coupables d'avoir des vies meilleures que la mienne, coupables de me condamner à n'être qu'un simple spectateur. Et si on avait été morts ce jour-là, la souffrance éclaire n'aurait-elle pas mieux valu que cette vie-là ? Ça n'a pas vraiment d'importance, au fond. Je suis convaincu d'être déjà mort.
Alors pourquoi ai-je tant envie de hurler ? Il y a bien longtemps que je n'ai plus ressenti cela. Je ne sais pas si je devrais m'en réjouir, pourtant. Là, maintenant, tout de suite... Je suis vivant dans la douleur, comme lorsque j'étais adolescent.
« Je... Je ne comprend pas. »
Ma voix tremble. Elle murmure, incrédule. Mon corps est paralysé, incapable de bouger au seuil de mon salon. Et je la fixe, cette scène grand-guignolesque que je croirais sorti d'un de mes pires cauchemars. Il y a si longtemps que je n'avais pas éprouvé cette sensation qui fait monter les larmes aux yeux et comprime les poumons.
J'ai peur.
Georg sourit faiblement, comme un Saint qui pardonne, alors que Lykke – oh, Seigneur. Ma tendre fleur... - le tient pour criminel d'un crime quelconque, un revolver chargé braqué sur lui. Alors qu'il est celui qui m'a permis, pour la toute première fois, d'être enfin acteur. Acteur sur une scène viciée, mais acteur tout de même, d'un théâtre qui pourrait être le mien. Georg a été le porteur d'espoir, le flambeau qui ne s'est jamais éteint. Georg m'a sauvé. Georg m'a permis enfin d'exister
« Pourquoi... Lykke ? Qu'est-ce que tu fais, bon sang ? Pose-ça, je t'en prie. »
Les images coulent devant mes yeux comme des formes hallucinées. Je n'ose y croire. Et j'ai l'impression d'être celui qui est défoncé, comateux et ignorant des tenants et des aboutissants d'une telle mascarade. Non, vraiment, je ne comprends pas. Non, en fait, il semblerait que je n'ai jamais compris.
« Ne t'inquiète pas, Ilyas. Tout va bien. Je maîtrise. Lykke est juste un peu... perturbée. Tout va s'arranger... Tu verras. Tu me fais confiance, n'est-ce pas, Ilyas ? »
Le ton de Georg est presque impérial. Solennel dans la frayeur. Je n'ai même pas l'impression qu'il soit effrayé, au contraire. Il semble serein, presque comme si il était blasé de ce genre de situation. Il a vu maintes et maintes fois un pistolet le tenir pour cible. Et pourtant... Je crois que c'est la toute première fois qu'il considère Lykke avec autre chose que de l'amour. Quelque chose de beaucoup plus triste, qui serre même la pierre au creux de ma poitrine. Parce que je commence, moi aussi, à la voir différemment. Et j'en suis malheureux, si malheureux, à l'idée que ce monde que je croyais imperturbable commence à s'effriter.
Georg. Lykke. Les amis. Aujourd'hui, j'ai huit ans. Et je veux pleurer.
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Sujet: Re: I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas. Jeu 6 Mar - 21:25
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Tout s’écroulait. Tout ce qu’elle avait cru étant enfant, tout ce qu’elle avait voulu croire, dur comme fer ; et la réalisation n’en était qu’encore plus dure. Ca l’avait frappée en pleine face, et si elle savait qu’il les avait effectivement fait exécutés, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir cette petite voix dans le coin de sa tête, qui lui disait que c’était pour le bien d’Ilyas. Pas pour son bien à elle, ça non ; Georg ne l’avait jamais vu autrement que comme une empêcheuse de tourner en rond, et elle l’avait réalisée lorsque son frère était venu la secourir du cadavre de son défunt mari. Mais elle n’en avait cure. Pour elle, il n’y avait que son frère, et ses enfants. Et elle aurait tout fait pour eux ; tout. Même si cela signifiait exploser le crâne du mentor de son frère. Elle l’aurait fait pour elle, aussi ; pour sa mère, son père, son enfance volée, celle d’Ilyas. Elle se savait incapable de le pardonner ; Georg, ce salaud qui avait fait passer les intérêts de la famille avant ceux des deux enfants, ceux de leurs parents. Et tout ça pour quoi ? Plus de richesse, plus d’influence, plus de morts et de victimes. Et quand bien même elle avait pris ses résolutions, quand bien même son doigt était près à presser la détente, elle ne le put.
La voix de son frère lui brisa le cœur. Il avait l’air perdu, et comment le blâmer ? Comment expliquer l’inexplicable ? Si elle lui disait, elle allait paraître pour folle ; elle le savait pertinemment. Il n’aurait pas dû être là ; il devait être en ville. Il était censé être en ville. Elle ne savait plus quoi faire, la panique gagnait chacun de ses membres ; et si elle arrivait à garder la main qui tenait l’arme parfaitement calme, ce n’était pas le cas pour le reste de son corps. Ses pupilles étaient devenues folles, passant d’un détail du visage de Georg à un autre, toujours incapable de regarder son frère. Et autour d’elle, les effets dévastateurs de la drogue ; si elle savait que tout s’effondrait en elle, c’était aussi le cas du bâtiment, elle entendait une cacophonie infernale de chocs, de fissures et de craquements ; elle voyait de la poussière, elle sentait de la terre. Sa peau s’hérissa de frissons et elle retint un sanglot alors que son frère lui enjoignait de poser son arme. Elle secoua la tête, sans dire un mot de plus.
Elle lutta, batailla dur comme fer pour chasser les illusions. Elle voulait être sobre, au moins un peu, pour suivre ce qu’il se passait, rester maîtresse d’elle-même, combattre cette pulsion sanguinaire qui menaçait d’exploser. Elle voulait tirer, elle voulait sentir le sang chaud contre son visage ; ça la rendait dingue. Elle remplaça soudainement son doigt contre la gâchette, menaçant de tirer. Et il parla. Lui, de son air strict, avec ces mots … Elle ne put résister plus longtemps, et leva soudainement l’arme, le frappa violemment avec la crosse, entraînant sa chute. Et elle cria, tremblant de tous ses membres, alors qu’elle reposait le canon contre sa tempe, ses yeux hystériques plongés dans ceux du vieil homme.
« Håll käften ! » *
Elle crispa ses mâchoires, et chercha à se reprendre, quoiqu’effrayée de lâcher Georg des yeux. Mais finalement, elle s’osa à glisser son regard sur son frère, détournant totalement son attention du vieil homme sonné. Elle avait les larmes aux yeux, et c’était à peine si elle le voyait ; mais pourtant, elle tendit une main tremblante vers lui, déglutissant difficilement.
« C’était lui, Ilyas ; c’était lui qui les a – » **
Avant qu’elle ne puisse dire un mot de plus, le vieillard derrière elle s’était saisi de son poignet, et l’avait désarmée sans qu’elle ne puisse résister. Elle n’en avait de toute façon pas la force. Hoquetant de terreur, elle braqua soudainement son regard vers Georg alors qu’elle plongeait sa main sous son manteau, en extirpant un couteau qu’elle plaça sous la gorge de l’homme, entaillant faiblement sa peau dans le mouvement. Lui tenait braqué sur elle son propre Colt, mais elle ne broncha pas, soudainement calme. Trop, peut-être.
« Regarde-la, elle ne sait plus ce qu’elle dit. Elle a tellement de drogue dans les veines qu’on n’en distingue plus ses pupilles. Elle est plein délire, Ilyas. » Il fit une pause, passant alors son regard sur Ilyas, gardant toujours le même ton autoritaire. « Je t’avais dit que ça arriverait, Ilyas. Je t’avais prévenu, mais tu ne m’as pas écouté. Si tu la laisses faire, elle s’en prendra à toi la prochaine fois. » **
Si les mots parvinrent à l’oreille de la Suédoise, ils n’eurent au début pas de sens. Elle n’arrivait à se défendre, à se justifier ; il ne la laisserait jamais parler, c’était maintenant très clair pour elle. Dans un geste soudain, elle lâcha la lame, qui tomba par terre, le bruit de la chute étouffé par la moquette. Et elle se laissa tomber à genoux, presque prostrée, des larmes silencieuses ruisselant le long de ses joues. La sensation était agréable, pensa-t-elle, aussi douce que le toucher de son défunt mari ; lorsqu’il était tendre. Aussi douce que les doigts de son fils. Elle sourit légèrement à cette pensée, malgré les larmes, mais cette éclipse idyllique passa bien vite. Rapidement, elle fut rattrapée par la situation, et ses épaules furent agitées de sanglots.
« Ilyas … I-Ilyas ! »
Son appel au secours était désespéré, et elle était dans le même état que lorsqu’elle avait exécuté son époux. Elle avait besoin de lui, qu’il la serre contre son torse, qu’il la réconforte, comme il le faisait avant ; comme lorsque leurs parents se firent tuer. Par lui. Et elle se rappela à nouveau que tout était de sa faute ; et jura, de toute son âme, qu’elle finirait par lui mettre une balle dans la tête.
* Ta gueule ! ** En suédois dans le texte original
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Sujet: Re: I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas. Mar 11 Mar - 22:53
Du mal à respirer. Du mal à parler. Du mal à croire ce qu'il se déroulait devant mes yeux. Était-ce vrai, d'ailleurs ? J'étais forcément en train d'halluciner. On avait mis quelque chose dans mon verre, durant cette escale à un bar dont je ne me souviens même plus du nom. C'était forcément ça. Après tout, ce que j'observais était trop irréaliste. Lykke ne pouvait pas être en train de pointer un couteau sur la gorge de Georg. Georg ne pouvait pas être en train de la braquer avec sa propre arme.
L'ensemble ressemblait à un tableau d'Egon Schiele. Cauchemardesque au possible, avec ces formes de chair qui s'entrecroise pour former une sorte de monstre reflétant la misère humaine. J'en avais un devant moi, et, comme devant l'une des toiles de Schiele, un haut le cœur me vient. J'étais sur le bord de rendre, de vomir tout ce que j'avais en trop dans mon cœur et dans ma tête, de me laisse tomber sur le sol et d'hurler, hurler ô combien j'avais mal. C'était le genre de moment que je ne pouvais supporter de voir. Il n'y en avait que très peu en ce bas monde, cependant. Mais cela provoquait autant de douleur que ce que je pouvais l'imaginer. Voire... pire encore.
Ma bouche est sèche, mon regard écarquillé. J'ai beau vouloir parler, rien ne sort, rien de concret, rien de ce que pourrait laisser paraître habituellement Ilyas Sven Wijkner. On dirait un agneau devant une meute de loups... prête à dévorer toute sa famille. Le laissant pour seul survivant au milieu du drame, encore et toujours perpétuel. Georg parle. Lykke pleure. J'ai mal.
Papa, Lisbeth. J'ai mal.
« Arrêtez, bordel de merde !!! »
C'est un cri. Pour la première fois depuis longtemps, c'est un cri, un vrai, un qui déchire les entrailles, un qui stoppe le cours du temps, un qui surprend les cœurs, un qui arrive même à faire germer des larmes inespérées aux coins de mes petits yeux. Même Georg semble touché. Il ne le montre pas, pas directement, mais il y a cet éclair, ce petit éclair vif dans son regard abusé par le temps et la déception. Le même que lorsque j'ai commis mon premier meurtre au nom du clan. Je le remarque, devenant moi-même éclair, et tout se passe en une fraction de seconde. Un tiers de fraction de seconde. Les armes glissent. Lykke tombe. Mon âme est en morceaux.
Je me précipite vers elle, à genoux, serrant son corps contre le mien. Oubliant Georg. Il pourrait quitter la pièce, que je ne le verrais pas. Peut-être est-ce ce qu'il fait, d'ailleurs, car j'entends son pas lourd s'éloigner, de ses bottes cloutées, de son corps trapu et scarifié, de sa présence oppressante et pourtant si rassurante. Georg est un père pour nous. Mais cette fois-ci, il a mit le doigt sur une peste noire, une gangrène irrépressible, commençant, lentement et sûrement, à nous contaminer, moi et mes espoirs. « Chut, Lykke, chut... J-Je... Calme-toi, ça va aller, c'est... je suis là, je... »
Mon ton tremble, tandis que mes bras se veulent chauds et doux pour elle. Mon corps frissonne de peur, pourtant. Elle doit être pure. Rester pure. Et si elle ne l'était plus ? Si il était trop tard ? Non. Impossible. Elle doit le faire. Vite. Oublier la drogue. Ses cheveux soyeux parfument la peau de mon cou. Ses soubresauts sanglotants agitent mon vague à l'âme. Et je m'abandonne aux vieilles croyances, car je n'ai plus que ça.
Oh, Seigneur. Prête-moi ta force, rien qu'un instant, encore, à nouveau, pour elle.
Et peut-être pour moi.
« Je vais te sauver. »
Encore. D'une ennemie encore plus grande que toi, ma douce, de quelque chose d'irréel et de pourtant bien présent dans tes veines.
Il me semble qu'au loin, mes souvenirs sublimés nous regarde encore depuis le couloir.
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Sujet: Re: I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas. Lun 24 Mar - 21:59
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Elle ne se souvenait pas avoir ressenti autant de haine pour une personne auparavant. Si, elle avait bien détesté cette fille, dans les draps de son fils, et elle avait effacé chez elle le moindre soupçon de ce qu’il avait trouvé attirant. Et à nouveau, elle voulait effacer l’existence de Georg de la surface de la terre. Elle voulait qu’il n’eût jamais été là. Elle voulait ses parents. Elle voulait tellement ses parents. Elle ne s’était jamais rendu compte à quel point ils lui manquaient. Depuis toute petite, son frère avait toujours fait tout ce qui était en son pouvoir pour la consoler, pour combler leur présence. Puis se fut son mari, qui compléta son âme – et malgré tout ce qu’il lui avait fait, elle n’arrivait pas à se défaire de l’idée qu’il l’avait aimée, elle aussi – et ses enfants. Son fils. Elle n’avait plus les pensées claires. Tout en elle faisait mal, et surtout son cœur. Apprendre que Georg était le commanditaire avait massacré son cœur ; elle avait l’impression qu’on le lui avait arraché et qu’elle avait la poitrine béante. Elle en pleurait de rage. Elle voulait qu’il meure, lui qui leur avait tout volé. Lui qui avait fait d’Ilyas ce qu’il était. C’est entièrement de sa faute.
Elle ne le vit même pas partir. Elle essayait tant bien que mal de reprendre le contrôle de ses émotions, de son âme. Elle avait l’impression que pendant l’espace d’un instant, son corps était devenu sobre de toutes ses illusions ; mais dès l’instant où Ilyas l’entoura de ses bras, elle sut que ce n’était pas le cas. A la seconde où il la toucha, sa peau fut parcourue d’une intensité électrique délicieuse, qu’elle n’avait pas connue avec quelqu’un d’autre que lui. Ca lui coupa le souffle ; et ses larmes redoublèrent d’intensité. Elle était perdue. It all came crumbling down. In a second, everything crushed into chaos. And she wanted to give in so bad. Fall into oblivion.
« It hurts, Ilyas … It hurts so much. »
Elle ne parlait presque jamais anglais avec son frère. Avec sa famille. Elle détestait, même, lorsqu’ils refusaient de s’adresser à elle en Suédois. Mais s’en était trop pour elle, elle ne contrôlait plus rien. Elle se laissa aller entre ses bras, s’accrochant à lui, désespérément. Elle ne savait quoi dire, quoi faire ; elle avait l’impression que plus rien ne serait jamais pareil – et elle n’avait pas tord –, que jamais il ne pourrait lui faire confiance. Elle était terrifiée que les mots de leur père de procuration ne l’atteigne et qu’il ne la croie plus. Qu’il l’abandonne. Elle ne le supporterait pas. Alors oui, peut-être le laisserait-elle la sauver ; peut-être ferait-elle semblant de soigner son addiction. Car elle savait, qu’au fond, c’était de ça dont il voulait la sauver. Et elle comprenait. Elle ne contrôlait plus rien ; elle se laissait aller à des dérives dangereuses. C’était sa lâcheté qui la forçait à se droguer. Elle ne voulait plus jamais voir la laideur du monde. Elle ne voulait voir que des couleurs, sentir des odeurs merveilleuses ; avoir des sensations extraordinaires.
Mais comment pouvait-il comprendre ? Comment pouvait-il savoir que c’était le seul moyen pour elle de retrouver son innocence ; son regard d’enfant, la beauté qu’elle avait perdue et qu’elle ne retrouverait jamais. Elle ne savait comment lui expliquer ; qu’elle en avait besoin. Que sans cela, elle ne serait déjà plus qu’une coquille vide. Qu’elle se laisserait à la dépression, bien plus gravement qu’il ne lui arrivait parfois. Elle se savait incapable d’être là pour quelqu’un, sans sa drogue. Et quand bien même elle en devenait schizophrène. Quelle importance, après tout ? Plus rien n’avait de sens. Désespérément, elle relève la tête et l’embrasse, plusieurs fois, les lèvres salées de larmes. Elle crochète sa nuque entre ses doigts et finit par cacher son visage dans son cou, les sanglots se calmant petit à petit.
« It’s not what you think, I swear … It’s not the drugs. Please Ilyas, trust me … I need you to believe me. It’s not the drugs. It’s not the drugs. »
Elle resta là un instant, à profiter de sa chaleur, à sentir son odeur qui lui fit tourner la tête. Elle se savait faible face à lui lorsqu’elle était sous l’emprise de l’acide et elle ne pouvait pas se le permettre. Elle se recula soudainement, rompant tout contact physique avec lui. La sensation électrique cessa et elle poussa un faible soupir ; à nouveau capable de réfléchir un peu plus efficacement. Elle plongea ses yeux dans les siens ; et elle savait que lui ne verrait plus le vert de ses iris. Ca n’importait pas ; elle n’avait plus rien à prétendre. Elle chercha à se relever, et après un essai infructueux, y parvint. Elle jeta un regard dans la salle, puis posa ses yeux sur son cher frère à nouveau. Elle sourit, d’un sourire sans chaleur, sans vie ; sourire qui était habituel pour ceux de son entourage. Elle n’avait jamais réussi à afficher son bonheur. Elle ne savait même pas si elle avait déjà goûté au bonheur ; ou plutôt, elle ne se souvenait que trop bien de l’amertume qui envahit les êtres après sa disparition. A quoi bon le rechercher s’il ne reste pas ?
« I don’t need saving Ilyas. Not this time. It’s him. He did this. All of this. »
Et d’un geste vague, elle montra la pièce, Ilyas ; puis elle-même. Elle haussa finalement les épaules, bien consciente qu’elle ne le convaincra pas, pas dans l’état dans lequel elle était. Elle savait parfaitement qu’il connaissait ses délires paranoïaques ; et qu’il savait que l’acide ne faisait que les accentuer. Alors à quoi bon.
« I’m … Imma go. You probably have better things to do than be with your crazy sister. I’ll be … I don’t know. I want to see the stars. »
Il était si simple pour elle de faire comme si rien n’était arrivé, comme si tout cela n’avait été qu’un mauvais rêve. Et elle savait que si elle y croyait assez fort, ce ne serait qu’un rêve, qu’une illusion de plus. Pourquoi pas. Elle sourit, de son sourire d’enfant, en pensant au ciel étoilé ; aux aurores boréales qu’elle allait voir avec son frère. Qu’est-ce qu’elle aurait aimé en revoir. Mais la réalité la rattrapa bien vite, et le sourire quitta ses lèvres aussi vite qu’il était arrivé. Alors elle tourna les talons, se dirigeant vers la porte, sans jeter un regard vers son frère.
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Sujet: Re: I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas. Sam 29 Mar - 13:35
Il y a du bourdonnement. Des cordes frottées, des mauvaises ondes qui murmurent des échos empoisonnés aux creux de mes oreilles. Il y a des soirs où je voudrais m'enfuir, ne pas être Ilyas Wijkner, ne pas avoir ce vécu sur mes épaules, ne pas avoir ce poids, ne pas avoir toutes ces responsabilités à entretenir. Pourquoi suis-je le seul à m'occuper de tout ? Pourquoi ne pourrais-je pas être celui dont on s'occupe, de tant à autres ? Je voudrais être Lykke et sa fragilité. Ce n'est pas comme si je faisais exprés, mais la pitié que je lui donne, parfois... Juste parfois, j'aimerais qu'on me plaigne. Qu'on me prenne dans des bras chauds, qu'on me murmure des mots doux et suaves. Comme je le fais. Comme je l'ai toujours fais. Georg le faisait. Il a toujours été là pour moi. Il a été ce père disparu, ce mentor assidu, cette personne qui a tant compté. Et pourtant. Et pourtant, Lykke le tue de ses mots acides, de ses suspensions acerbes.
Tout ça à cause de ses pupilles dilattées.
Pour la première fois depuis longtemps, je ressens de la colère envers l'attitude de celle qui partage la moitié de mon sang. Dés lors, je ne succombe pas à cette autre langue, cette langue universelle dans laquelle elle se perd, cette langue qu'elle impose comme une nouvelle muraille entre nous. Comme un oubli, comme le déni. Et ça, ça me déplaît.
"Arrête. Arrête de fuir, je t'en prie. T'as pas le droit. T'as pas le droit, Lykke, de te laisser aller comme ça, bon sang !"
Je lui lance tout ça en attrappant sa main fermement, en l'empêchant de partir, en la voulant près de moi pour la surveiller. Il y a la drogue entre nous. Il y a ce poids, encore une fois, sur mes épaules avachies. Bordel, je veux vivre. Je veux qu'elle vive. Que nous vivions et qu'enfin, qu'enfin je puisse sortir de terre.
"... Tu es ma soeur. Je n'en peux plus de te voir dans cet état. Je n'en peux plus. Je n'en peux vraiment plus..."
Sa paranoia m'assassine, plus qu'elle ne la tue elle, plus qu'elle ne tue Georg ou les autres du clan, ou mêmes ses propres enfants. Elle devient ce danger que je craignais, ce poison interne qui continue de murmurer ces paroles au vitriol concentré pour rompre chaque tissu de mes tympans fragiles. Elle devient folle. Et j'en mourrais si c'était vraiment le cas.
Je maintiens son poignet, cherchant à capter l'humanité dans son regard. Je ne veux pas être violent, car je sais qu'il s'agirait de la dernière chose à faire pour l'aider. Ca aurait l'effet inverse. Car je ne suis pas son ancien mari. Il a disparu, ce monstre, Lykke. Mais en te détruisant, tu le fais perdurer. La drogue n'est que le prolongement de ta douleur. De sa violence. Et de ma peine à ton égard.
Lykke, vis.
Fais quelque chose, ma douce. Ma petite fleur dont le sourire illuminait mes jours assombris.
"Si tu ne veux pas te soigner pour toi, fais-le... fais-le au moins pour moi. Pour tes enfants, aussi. Pour Marika. Pour Tryggve. Je t'en prie, Lykke..."
Car moi, je t'aime. Je t'aime toi, pas cette ombre que tu dresses contre les autres. J'aime la Lykke d'avant. Et je la retrouverais, coûte que coûte. Même si je devais succomber aux paroles empoisonnées.
Et la candeur unie à la lubricité Donnait un charme neuf à ses métamorphoses
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Sujet: Re: I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas. Dim 30 Mar - 20:46
I’ll shoot you in the head. Eventually.
Ilyas & Lykke
I’d love to see the shape of your blood on the floor.
Il attrapa sa main, l’empêchant de partir. Elle eut comme un spasme, une envie irrépressible de retirer son poignet de sa main, mais sa poigne était forte et elle ne put s’échapper. Alors elle se crispa, ses sourcils délicats froncés. Si elle aurait d’ordinaire souhaité ce contact, cette impression d’être électrisée sous ses doigts ; c’était trop à présent. Ca la gênait, et elle était profondément agacée par cette tentative de l’arrêter. Elle n’arrivait à rien, et ce n’était pas son frère empêcheur-de-tourner-en-rond qui allait aider à la chose. Elle n’avait jamais été agacée par lui, mais là, elle ne savait pourquoi, peut-être son air désespéré, suppliant, menaçait de la faire sortir de ses gonds. Un flux de colère la parcourut et elle inspira pour essayer de se calmer, incapable de comprendre d’où toute cette animosité venait. Elle aimait son frère, elle le chérissait, alors pourquoi ne pouvait-elle plus souffrir de le voir à cet instant ? A cause de ce qu’elle voyait dans ses yeux ? La pitié ? Non, c’était plus que ça. La déception. Elle voulut rire.
Son regard était plongé dans le sien, abandonné. Il pouvait y voir son âme, le tourbillon de sentiments qui l’envahissait. Il pouvait voir l’agacement, l’amusement, cet espèce de détachement que lui apportait la drogue. Et la peur, s’il regardait vraiment. Elle était terrifiée de tout. Que tout lui échappe, qu’elle perde le contrôle définitivement. Paradoxalement, elle savait que prendre de la drogue, c’était perdre le contrôle. Mais elle était totalement addicte à tout ce que ça lui apportait. Elle adorait l’insouciance nouvelle qui l’envahissait ; comme si rien ne s’était jamais passé. Et elle en avait besoin, de cette nouvelle innocence, même si les conséquences futures étaient désastreuses. La paranoïa n’était qu’un faible prix à payer. Elle avait besoin de se sentir aussi fraîche qu’un nouveau né. Elle avait besoin de revivre. Et bêtement peut-être, elle pensait que seul le LSD pouvait lui donner cette chance. Elle n’arriverait jamais à se détacher de tout ce sang, de tous ces morts. De toutes les atrocités qu’on lui a faites et qu’elle a rendues, de son âme damnée et écrasée.
Elle voyait sa peine et se prit ses mots en pleine figure. Ce fut comme un déclic, comme si quelque chose en elle venait de comprendre que continuer sur le chemin qu’elle s’était fixée, c’était l’égoïsme même. Mais elle avait pensé, pendant un temps, qu’elle avait le droit d’être égoïste. Qu’elle n’avait pu l’être et qu’elle l’avait chèrement gagné après chaque coup de ceintures qui fouettèrent son dos. Elle avait pensé qu’elle pouvait s’occuper d’elle, essayer de se retrouver, enfin. Essayer d’être elle-même à nouveau, celle d’avant le désastre, avant que tout ne lui soit arraché. Mais il était maintenant clair qu’elle ne se retrouvait jamais. Elle s’était attachée à une chimère, elle s’était persuadée qu’elle avait simplement besoin d’un coup de pouce, et que l’acide était son meilleur ami. Pouvait-elle avoir plus tord ? Dans son esprit obscurcit par les illusions, par l’impression que sa peau brûlait sous le contact de son frère, l’idée commençait à germer. L’idée que peut-être l’acide n’était pas la solution à ses problèmes. Qu’il n’y avait peut-être pas de solution tout court. Qu’un jour son cœur finirait par guérir et que si elle n’arrivait pas à recoller les morceaux, elle pourrait au moins le scotcher.
Elle voulut y croire. Les mots de son frère, sa visible détresse, bousculait son cœur d’une façon qu’elle n’avait pas crue possible. Elle voulut tout arrêter, purger son être, enfin, repartir d’une page blanche. Mais elle avait essayé, au début. Elle avait essayé, quand elle eut été enfin libérée de l’emprise de son mari. Elle avait voulu vivre normalement, elle avait souhaité ne continuer que pour son frère et ses enfants. Mais ça n’avait pas marché. La douleur était trop grande et la peur avait une emprise toujours plus forte sur son cœur. Et c’était la peur, qui l’avait entraînée et qui l’empêchait maintenant de faire retour arrière. La peur que la réalité la frappe en pleine figure. La peur qu’elle soit aussi laide que dans ses souvenirs. La peur qu’elle ne soit plus assez forte et qu’elle se laisse aller dans l’oubli. Elle ne pouvait y arriver seule, et peut-être par orgueil, ou au contraire par peur d’être un fardeau, elle ne voulait pas s’appuyer sur son frère, sur ses enfants. Ilyas l’avait toujours protégée, et elle voulait être forte pour lui, elle ne voulait plus être la fragile adolescente qu’il se devait de défendre. Mais il n’était que trop clair qu’elle était toujours aussi fragile, en proie à des ennemis encore plus puissants. Et elle avait besoin de lui, une dernière fois.
Elle retomba à genoux, perdue. Tout semblait si flou, tout était si fatiguant. Elle avait mal à la tête. Elle voulait que tout s’arrête, que ses yeux soient libérés des ombres qui évoluaient dans la pièce. Elle voulait se laisser aller, lâcher prise, enfin. Elle voulait être tranquille. Elle n’avait jamais envisagé la mort comme une solution. Même dans sa noirceur la plus profonde, l’image de ses enfants, de son frère, avait brillé devant ses yeux et elle s’était retenue. Pour eux. Elle devait être forte. Pour eux. Mais elle ne trouvait plus la force, elle avait l’impression que tout lui échappait. Elle tremblait. Elle baissa les yeux et observa ses mains sans comprendre. Elle avait froid. Elle avait l’impression d’avoir la tête dans du coton, et si elle n’avait jamais ressenti ça avant, elle commençait à comprendre ce qui se passait. Elle avait toujours fait de son mieux pour contrôler ses doses, elle avait toujours surveillé le dosage. Mais elle était contrariée. Elle n’avait pas dû faire attention. Elle secoua faiblement la tête, cherchant à chasser les nuages. Elle se sentit partir en arrière, et ne fit rien pour lutter. C’était peut-être mieux comme ça, finalement. Elle voulait se laisser aller. Elle voulait oublier, définitivement. Ne plus se réveiller lui paraissait une bonne idée. Elle était fatiguée. Elle voulait simplement dormir. Elle tomba en arrière, les yeux grands ouverts. Un sourire flottait sur ses lèvres, sourire qu’elle avait pensé pour toujours disparu. Un sourire de son enfance, le sourire de sa mère.
« Förlåt mig .... »
Et elle sombra, le corps agité de soudaines convulsions.
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Sujet: Re: I'll shoot you in the head. Eventually. | PV Ilyas. Mer 9 Avr - 17:59
Parfois, une seconde dure des heures. Un instant se découpe en des milliers de petites fractales, de reflets inapropriés, d'horreurs singulières. Comme un miroir brisé qui montrerait la même chose, encore et encore. J"ai l'impression que des centaines de miliards de photos se superposent, et s'enchainent rapidement, trop rapidement, mais lentement à la fois, trop lentement. Des flashs de lumière. Je frôle l'epilepsie devant la Peur. La vraie. Ce moment, cette tout petite seconde, où l'on se sait impuissant. Et que tout peut se terminer.
Tout est déjà fini.
Lykke tombe au ralenti sur le sol. Ses cheveux volent en suspension autour de son visage à demi-clos, béat de fatigue. Comme une crinière de ténèbres voulant mordre la dernière parcelle de lumière. De ma lumière. Ses yeux sont vides, déjà loins. J'entends à peine sa voix ténue, diminuée, me lancer ses excuses vaines et pitoyables qui n'ont de réconfort que pour elle. Elle veut partir, laisser son âme se libérer tranquillement, mourir. Mourir dignement. Et surtout, surtout; rester cette égoïste. Cette égoïste au coeur si grand. Et si plein d'un amour empoisonné.
Je la hais en cet instant. Je la hais si fort que je la serre contre moi, moi et mes sentiments chamboulés, discornus, distopiés. Et je crie. Oh Dieu. Je hurle.
"Lykke !!!"
Je la secoue, presque trop fort. Pourtant, j'en ai vu des overdoses. Je sais que ce n'est pas quelque chose de conseillé dans ce genre de cas. Mes hommes ne sont pas en reste face à la drogue, et beaucoup ont déjà répandu leur bile sur le sol en ayant ces satanés spasmes sporiadiques. Mais face à ma soeur, je n'ai aucun recule. Je ne peux rien faire d'autres qu'avoir huit ans, une fois de plus. Je me sens si démuni qu'en ce moment, plus rien n'a de sens, et moi-même, je ne sais pas qui je suis. Pourquoi suis-je là ? Qu'ai-je fais pour mériter ça ? Pourquoi Lykke ? Pourquoi nous ? Et surtout, pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
Je hurle à répétitions, à me brûler la gorge. A m'en déchirer les entrailles. A ne revêtir que la pelisse d'une bête criant à l'agonie de l'un des siens. Je hurle, encore, encore, encore. Je serre son corps encore chaud contre le mien; fièvreux. Toujours et tant et plus. Je m'en fous. Je me fiche de mes hommes qui accourent aussitôt, craignant le pire. Mais le pire, oh mes amis, le pire, ce n'est rien face à ce que je suis en train de vivre. Georg reste le seul lucide face à ce qu"il se passe. Il surgit en premier, impériale, comme toujours. Comme mon père, durant ses rares moments où j'ai pu l'apercevoir. Il entre, me voit en larmes et décomposé, ravagé par l'instant. L'instant T où elle s'en va.
Je lève les yeux vers lui et il réagit, immédiatement. On dirait qu'il s'est déjà tout. Il attrappe son portable, baragouine des choses impossibles pour moi à apréhender à cause du choc. J'entends vaguement les mots "urgences" et "ambulances" dans un russe impeccable, mais qui ne réprésente rien pour moi.
Parce que là, j'ai huit ans. Je sais pas parler russe. Je sais que jouer avec ma petite soeur dans les hautes herbes autour de la maison. La grande maison de campagne de Papa et Lisbeth, enfin, mamam. Papa veut que je l'appelle Maman. Elle est assez gentille pour être ma maman.
Puis, j'ai huit ans, et il y a du sang. Plus de Papa, plus de Maman Lisbeth, rien que du silence et une drôle d'odeur. Le placard de la cuisine est plein de poussière, et je presse ma main contre ma bouche pour ne pas tousser, car les tueurs sont encore là. Ils sont la promesse d'un avenir singulier. Je pourrais en finir maintenant si je mettais le nez dehors. Rejoindre Papa et Lisbeth.
Mais non. J'ai quarante-sept ans. Je suis le chef d'une branche de la Mafia russe. J'ai les rides qui se creusent chaque jour et ma soeur est en train de mourir d'une overdose dans mes bras. Elle a subi des délires paranoiaques de la pire espèce. Et moi, j'ai pleuré. Je pleure encore alors que les ambulanciers la hisse sur le brancard.
Et je peux confirmer, en toute objectivité et avec une certitude extrême... que la vie est une merde.