Je m'appelle Laurent Arthur Etcheverry et je suis né à Moscou il y a maintenant vingt-trois ans. Je n'ai pas une vie si excitante au point de susciter un intérêt quelconque, mes parents se sont mariés un an avant ma naissance, ils s'aimaient beaucoup, mais leur couple ne résista pas à ma venue au monde. Oh je ne dis pas que je suis la cause de leur divorce, mais étant le seul enfant que ma mère aurait puisqu'elle dû subir une opération pour se faire ligaturer les trompes, elle me consacrait tout son temps et, de par le fait, délaissait complètement mon père. D'ailleurs, ce dernier fini par concevoir de la jalousie à mon égard. Voilà pourquoi, alors que j'avais un an, mon père claqua la porte de la maison et on ne le revit plus jamais. Malgré l'absence de mon père, je passais une enfance de rêve. Ma mère s'occupait très bien de moi et lorsqu'elle dû reprendre le travail pour pouvoir subvenir à nos besoins, elle engagea une baby-sitter qui n'était pas très consciencieuse dans son travail, me laissant manger à peu près tout ce que je voulais à n'importe quelle heure. De fait, je pris l'habitude de manger lorsque j'étais contrarié et à l'âge de douze ans, j'étais devenu plus "large que haut", dixit ma charmante voisine qui n'aimait pas spécialement les enfants.

Si les piques de cette dame ne m'atteignaient pas parce que je ne les comprenais pas la plupart du temps, ceux de mes camarades de classe me blessaient énormément. A la base j'étais quelqu'un de timide, mais le poids que j'avais ne m'aidait pas à aller vers eux. Chaque fois que j'essayais, je me faisais rembarrer assez violemment. Pendant cinq ans je subis ce traitement sans réagir. A l'âge de dix-sept ans, je fis la connaissance d'un garçon qui m'attira immédiatement. Il s'appelait Alexander, j'eus le véritable coup de foudre pour lui, mais il ne s'intéressait qu'à ce qui est beau, quelqu'un comme moi avait peu de chance de le séduire. Ce fut le déclic, je me mis au sport, je faisais attention à ce que je mangeais, augmentant ma ration de légumes et supprimant les sucreries et au bout d'un an, j'avais perdu vingt kilos et j'avais pris du muscle. Pour la première fois, j'aimais l'image que me renvoyait le miroir. Alexander était devenu mon ami tout au long de cette année. Evidemment, il me demanda pourquoi j'avais perdu tant de poids, qu'est-ce qui m'avait décidé et je lui avouais tout. Ce fut un moment assez difficile, mais je fus récompensé parce qu'il devint mon petit ami. J'avais alors dix-huit ans et ma vie commençait réellement.

Si mon corps avait changé, mon esprit et mon caractère eux n'avaient pas bougés, j'étais toujours timide et pas très sûr de moi. Un soir, Alexander me fit découvrir le BDSM et les "rôles" s'imposèrent presque comme une évidence, je devins donc son soumis et j'adorais cela. J'aimais ne rien contrôler, m'en remettre à l'autre. Nos "séances" durèrent un an et puis nous nous sommes séparés. Il était tombé amoureux de quelqu'un d'autre. Je me retrouvais donc seul et je le suis toujours. Je décidais que, pour vivre ma vie correctement, je devais être indépendant, donc je parti de chez moi, à dix-neuf ans. Il fallait que je trouve rapidement un métier si je voulais avoir un toit au-dessus de ma tête et de quoi manger, seulement au niveau des diplômes, j'avais simplement celui que l'on obtenait à la fin du lycée et encore, je l'avais eu de justesse, donc je n'avais pas beaucoup de choix qui s'offraient à moi.

Je fus embauché au Starbucks du Centre Ville et j'ai bien l'impression que je finirais ma carrière là-bas, mais honnêtement, cela ne me dérange pas, je n'ai jamais été très ambitieux. A présent je passe mon temps entre mon boulot et quelques sorties. Il m'arrive aussi d'aller sur internet pour voir si je ne pourrais pas trouver "chaussure à mon pied" comme on dit.