RP aléatoire

Flora & Jekaterina & Calliope

Some guys just can’t hold their arsenic

Son cabaret n’avait jamais été aussi plein. Calliope ne comprenait pas cette soudaine effervescence. Certes, elle était ravie que son humble établissement attire du monde : elle aimait faire partager la musique. Mais pas à ce point. Si elle avait eu des soucis d’argent, ils auraient tous été réglés en une soirée. Le lieu était bondé, complet même, il était difficile d’y rentrer. Les danseuses aussi, en étaient ravies. Plus de public, sûrement plus de pourboires. Elles avaient beau être bien payées, c’était toujours un plus. Cependant, les Fleurs du Mal restaient fidèles à elles-mêmes : ce n’était pas une vulgaire boite de nuit, c’était des numéros burlesques, et du jazz. Beaucoup de jazz. Mais malgré l’ambiance d’ordinaire calme et intimiste, ce soir-là, rien n’était comme avant. C’en devenait presque dérangeant, d’ailleurs, parce que qui dit plus de monde, dit plus de problèmes. Et le cabaret étant l’un des seuls établissements de la ville restant ouvert jusqu’au petit matin, il était malheureusement devenu le rendez-vous des derniers poivrots. Calliope avait beau connaître la plupart – ils étaient des habitués, et elle avait toujours réussi à les persuader de partir se soûler dans la rue plutôt que chez elle – ce soir, il y en avait des nouveaux. Forcée donc de rester dans la salle, elle resta loin des bouteilles d’alcool malgré sa forte envie de whisky. Il fallait qu’elle reste sobre, au cas-où ça dégénèrerait. Il n’y avait pas de raison, bien sûr, mais Calliope avait comme un mauvais sentiment.

Et elle ne pouvait avoir plus raison. Vivotant et se faufilant entre les clients, elle passait d’un coin à l’autre de la salle, s’arrêtant parfois pour discuter avec de vieilles connaissances, ou offrir un sourire charmeur à un homme ou une femme. Parfaitement dans son élément, elle brillait d’aise et confiance en soi. Elle rayonnait, même, attirante comme jamais, puisque non soumise aux affres de l’alcool. Elle avait maigri, encore, mais elle ne le remarquait plus. Les autres non plus, d’ailleurs ; sûrement à cause de sa poitrine généreuse malgré sa carrure de plus en plus frêle. Toujours en était-il que si l’on pouvait contester le fait qu’elle était belle, il était indéniable qu’elle avait du charme, un magnétisme presque animal, et qu’elle savait parfaitement en jouer. D’ailleurs, l’idée de trouver quelqu’un pour l’accompagner jusqu’aux premiers lueurs de l’aube lui traversa l’esprit ; et elle se dit que si elle trouvait une personne assez intéressante, elle pourrait bien lui proposer. Mais dans cette cacophonie, c’était presque impossible. Et elle regretta alors d’avoir laissé entrer tant de monde, et se promit de maintenant toujours limiter ses places. On n’entendait plus la musique, au demeurant délicieuse, et à part quelques rares adeptes, les ruscofs semblaient plus intéressés par la boisson que par les danseuses. Alors, évidemment, ce qui devait arriver arriva.

Ce furent des cris qui attirèrent son attention, et elle fut surprise de ne pas avoir vu les esprits s’échauffer avant, sachant qu’elle ne se tenait qu’à quelques mètres de l’altercation. Un ivrogne, qu’elle n’avait jamais vu avant, et qui semblait relativement menaçant – bien que clairement intoxiqué – et rousse, probablement aussi grande qu’elle, rapidement rejointe par une autre rousse, tout aussi intimidante. Un instant, elle observa l’échange, se demandant si intervenir ferait plus de mal que de bien. Mais elle ne pouvait laisser passer de tels comportements dans son établissement, si bien qu’elle se décida rapidement, et marcha à grands pas vers les trois personnes, écartant les gens sur son passage. Elle fit signe aux deux vigiles près de la porte de venir la rejoindre, et elle se posta alors avec toute la prestance qu’elle pouvait avoir entre les rousses et l’homme, s’interposant, les traits d’une froideur inquiétante.

« Either you calm down, or you take this outside. I don’t want this kind of nonsense in my establishment. Am I clear ? Now chill out, or fuck off. » *

La délicatesse n’avait jamais été son fort, et surtout pas dans de telles situations. Mais elle s’en fichait totalement.




* Soit vous vous calmez, soit vous allez régler ça dehors. Je ne veux pas ce genre d’inepties dans mon établissement. Sois-je claire ? Maintenant calmez-vous, ou cassez-vous.

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