I’ll make you cry, bitch

Zhanna & Calliope

He had it coming ~

Une fois de plus, elle avait trop bu, et tout le monde le savait, ça n'amènerait rien de bon. Généralement, lorsqu'elle commençait à boire, et qu'elle était aux Fleurs du Mal, elle faisait de son mieux pour rester dans son bureau, au 2ème étage. Elle savait qu'elle avait l'alcool mauvais, très mauvais même, et être autour de gens n'était jamais la meilleure idée. Elle n'avait nullement envie de se faire haïr par les employés du cabaret, et elle faisait alors de son mieux pour éviter de se montrer sous ce jour-là devant eux. Mais aujourd'hui, si elle avait bien commencé à boire dans l'havre de paix qu'était son bureau, elle fut forcée d'en sortir, ce qui eut déjà le don de l'agacer un peu plus. Des cris un peu trop forts l'avait attirée en dehors, et elle s'était glissée — le verre de whisky dans la main — au niveau des projecteurs pour savoir ce qui pouvait bien faire autant de vacarme dans son établissement. Elle mit quelques instants pour voir où étaient les fauteurs de trouble, et une fois repérés, elle fronça sensiblement les sourcils. Ces garçons, elle les connaissait. Pas personnellement, non, mais de vue. Des stars, ou croyaient-ils l'être. Une bande d'adolescents immatures pour Calliope, tout au plus. Serrant les dents, avalant le reste de son whisky, elle se précipita en bas des escaliers. Ca n'allait pas bien finir.

Elle ne savait même plus pourquoi elle avait commencé à boire. Tout ce dont elle se souvenait, c'était qu'elle avait une fois de plus échoué à savoir où était le foutu manoir de ce vaurien de Wijkner. Elle avait beau avoir eu essayé d'acheter cette saloperie de garde-du-corps, il n'avait pas voulu lâcher un mot. Mais de quoi pouvaient-ils bien avoir tous peur, à la fin ? Il n'avait pas l'air si terrifiant que cela, ce meurtrier. La preuve, il avait failli la  tuer elle, puis il ne l'avait pas fait. Un lâche, plus qu'un parrain de la mafia, voilà ce qu'il était. Il ne valait pas toutes les mesures qu'on cherchait à mettre en place pour le défendre. En tous les cas, ces recherches à nouveau infructueuses avaient commencé à l'agacer sérieusement. Et une fois n'est pas coutume, noyer ses peines dans l'alcool lui avait semblé être une bonne idée, seule, dans l'abri qu'offrait son bureau. C'était agréable, même, s'enivrer à coup de Jack Daniel's en écoutant du jazz. Que demander de mieux ? Rester tranquille, bien sûr, mais ça c'était rapé.

Elle arriva au rez-de-chaussée telle une furie, se faufilant derrière la scène puis entre les tables, zigzagant en évitant les clients du mieux qu'elle pouvait, pour rejoindre le lieu de l'altercation, Dieu merci au fond de la salle, vers le bar. Malgré son état hautement alcoolisé, elle était étrangement maîtresse d'elle-même, comme si la soudaine rage l'avait dégrisée. Il n'en était rien, bien sûr, et c'était même plutôt l'inverse. Sa rage était alimentée par l'alcool, et ses employés l'ayant bien compris, ils commencèrent à lentement s'écarter des fauteurs de trouble. Alors, face à face avec les jeunes, elle leur cracha avec le plus venin possible, entre ses dents, dans un américain qu'elle savait parfaitement compréhensible pour eux.

« You take your drunk little friend right here, his pride, and you get the fuck out of my establishment. »

Si elle n'avait pas l'air particulièrement énervée, sa colère transpirait chaque mot. Elle pointa du doigt l'abruti étalé sur le bar qui draguait sans élégance une des serveuses, qui s'échappa sans demander son reste. L'adolescent, visiblement trop intoxiqué pour comprendre lui-même ce qu'il était entrain de faire, tendit la main vers la proie la plus proche, c'est-à-dire Calliope, et lui mit sans la moindre hésitation une main aux fesses. Si dans d'autres circonstances, le geste aurait pu la flatter, et peut-être même l'exciter, à cet instant, c'était simplement la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Sans y réfléchir à deux fois, elle ferma son poing, et l'envoya valser dans le nez de son agresseur intoxiqué, le brisant dans un crac sonore qui, même par dessus la musique, la fit sourire. Il tituba un peu, sans sembler comprendre ce qui venait de se passer. Calliope, bien trop heureuse de pouvoir se défouler un peu, s'apprêta à renvoyer son poing dans les côtes de l'insolent, mais retrouva son bras retenu par une main, étonnamment forte. Dans sa surprise, l'Américaine mit quelques instants à comprendre pourquoi l'autre n'était toujours pas plié en deux, et elle se retourna alors, fixant avec des yeux noircis de colère, d'un bleu orageux, celle qui avait osé l'interrompre. Car oui, c'était bien une femme. Et jeune, qui plus est ; qu'elle n'avait jamais vu avant.

Code by AMIANTE

SCREAM MY NAME

(c) Bloody Storm

I’ll make you cry, bitch

Zhanna & Calliope

He had it coming ~

Elle était dans une colère blanche, enivrée par l’alcool et par sa propre rage. Rarement avait-elle été dans un état pareil, mais un groupe de jeunes mettant la pagaille dans son club, elle n’aurait pas pu laisser passer cela. Mais ce qui décupla sa rage, fut quand on l’interrompit alors qu’elle allait en remettre une à l’insolent qui avait cru que lui flatter la croupe avait été une bonne idée. Et maintenant, elle se retrouvait face à une brune splendide – bien qu’elle se refuse à admettre qu’elle avait quelque chose d’indéniablement attirant – et incapable de lui décocher une droite. C’était surprenant, tant pour son staff – qui avaient attendu le coup – que pour elle-même, qui finit par contempler un instant bêtement son poing fermé qui n’attendait que de partir dans la mâchoire de la malheureuse. Puis elle releva les yeux vers elle, et la fixa avec intensité, se contrôlant malgré elle pour éviter de lui sauter à la gorge. Ses mains tremblaient de rage, et elle devait se retenir de ne pas l’étrangler violemment – ce qui serait, admettons, un bon moyen de les empêcher de trembler.

« You whore ! How dare you ?! »

Si elle arrivait vaguement à contrôler ses gestes, elle était pourtant incapable de supprimer le venin qui transpirait dans sa voix. Elle n’avait pas crié, non, elle avait parlé juste assez fort, de sa voix étonnamment rauque pour son âge – qu’elle savait pouvoir faire frissonner n’importe quel être sensible à son charme. Et d’après ce qu’elle avait remarqué, la jeune femme devant elle était tout sauf insensible : elle avait même arrêté son geste, ses yeux adoucis ou au contraire obscurcis de luxure. Ce regard, Calliope le connaissait bien ; elle le lançait fréquemment, puisqu’elle était attirée par la moitié de la planète. Mais le voir sur quelqu’un d’autre était surprenant. Elle avait vu le désir des autres, mais presque jamais avec autant d’intensité, mais surtout, elle n’avait observé le passage de la haine au stupre s’effectuer aussi rapidement. Intriguée, oui, mais toujours aussi énervée. Et lorsqu’elle était lancée, rien ne pouvait l’arrêter. Totalement concentrée, c’était à peine si elle entendait les encouragements du groupe d’abrutis. Finalement, sur un coup de tête – comme bien souvent – elle attrapa violemment le poignet de la brune.

Vive comme l’éclair, tenant d’une poigne de fer l’avant-bras de la demoiselle, elle l’attira sans considérations vers les toilettes. Poussant la porte avec brusquerie, elle fixa d’un regard à faire frémir les quelques occupants et les chassa avec un « All of you, fuck off » très distingué. Alors, enfin seules, elle se retourna soudainement vers la brune, et sans réfléchir d’avantage, la chopa à la gorge et la plaqua violemment contre un mur. Son visage à seulement quelques centimètres du sien, elle la fixait de son bleu orageux, et lui cracha, le souffle embué par l’odeur du whisky.

« How dare you come into my fucking club and mess with me ?! I should throw your sorry ass out. »

Si elle semblait s’être calmée, paraissant moins hystérique, ce n’était qu’une idée ; le calme avant la tempête. Derrière ses yeux bleus aux pupilles peu réactives, son cerveau tournait à toute allure, cherchant désespérément comment lui faire payer son affront. Peut-être décocher deux trois coups à son estomac, pour bien lui faire comprendre, et la jeter dehors. En entendant, elle semblait réaffirmer sa prise autour de son cou, le serrant et le pressant à la limite de l’étranglement, les ongles légèrement enfoncés dans sa peau.

Code by AMIANTE