Miami, 1989. C’est là que je suis née, dans une famille aisée où seul l’argent importait. J’ai eu une enfance tout ce qu’il y a de plus normal, j’ai grandi, étudié, découvert les joies et tristesses de la vie. À 16 ans, j’ai souhaité mon indépendance plus que n’importe quoi d’autre, et c’est ce qui m’a conduit à m’exiler ici, à Moscou. Je voulais fuir le monde dans lequel ma famille m’avait élevée, un monde sans amour, un monde dominé par l’argent et le désir de s’enrichir. Mon père a passé sa vie à travailler comme un dingue pour subvenir à nos besoins, il en est mort. J’avais 14 ans. J’ai compris que l’argent n’importait pas plus que l’amour, contrairement à toutes les valeurs qu’ont voulues m’inculquer ma gentille famille. C’est comme ça que le jour de mon seizième anniversaire, j’ai fait croire à ma mère que j’avais été acceptée dans une célèbre université russe. En réalité, je partais là-bas sans aucune conviction, j’ai toujours détesté l’école et plus encore le fait de rester assise sur une chaise huit heures par jour pour « apprendre ». Très peu pour moi. Ma mère avait accepté ma décision assez facilement, il lui restait toujours ma petite sœur Isabel d’à peine 9 ans. Elle me donnait des milliers de dollars pour célébrer mon indépendance. Dollars que je rendis au premier SDF que je croisais à l’aéroport. Je pris l’avion comme une clandestine, en me cachant dans les toilettes la moitié du trajet.
Une fois à Moscou, j’ai rencontré Nikolai Alexei, un homme d’une patience et d’une gentillesse sans égal. Il m’a logé chez lui et m’a permis d’être embauchée dans un grand club de Moscou, le Gory klub, où je donnais des spectacles de danse le soir, rien de très provoquant pour l’instant. Voyant que je plaisais aux russes, j’ai commencé à faire des spectacles de plus en plus osés, jusqu’à me retrouver gogo-danseuse. Cela me plaisait, et le salaire était suffisant pour que je vive correctement. Quelques mois plus tard, alors que Nikolai était en vacance en Italie avec des amis, je franchis une des barrières qu’il m’avait toujours refusées : je descendis au sous-sol, où je découvris une grande porte fermée à clef. Il m’avait toujours défendu d’aller au sous-sol, il disait que c’était son jardin secret. La femme curieuse prit vite le dessus et grâce à quelques barrettes, je n’eus aucun mal à ouvrir cette porte. Ce que je découvris me laissa sans voix. C’était une grande salle pour les adeptes du sadomasochisme, avec une table, un lit, des cannes et des fouets partout, des cordes… Je n’étais pas effrayée mais surprise, mon ouverture d’esprit m’empêcha de m’enfuir en courant. Lorsque Nikolai fut de retour, je ne pouvais faire l’innocente et lui avouai ce que j’avais vu. D’une voix calme, il se contenta de lâcher « Et qu’en penses-tu ? », ce à quoi je répondis sans réfléchir « Eh bien… tu fais ce que tu veux ». Il m’avait souris, puis avais murmuré qu’il aimait dominer les femmes et que c’était sa façon à lui de rester un homme simple. Bien sûr, il réussit à me convaincre d’essayer. Il me promit d’être doux et compréhensif, alors que je ne connaissais rien à ce monde-là. Je découvris les joies du BDSM, mais je n’étais pas une bonne soumise, définitivement pas. Je n’obéissais pas, je franchissais sans cesse les règles. Nikolai perdit vite l’idée de me transformer en soumise et me laissa le dominer, ce que je compris plus tard être un acte très généreux de sa part. C’était la première fois qu’il se transformer en soumis, face à une jeune fille de 16 ans. Et cela me plut, énormément. Je tirai beaucoup de plaisir à me faire obéir et à imposer mes règles à moi. Nikolai appréciait moins, mais il ne me l’avoua qu’après cette séance. Il me présenta alors à plusieurs de ses amis, et tous les samedis soirs, je désertai mon travail de gogo-danseuse pour dominer des hommes, parfois trentenaires, et même certaines fois des femmes.
Lorsque j’eus 18 ans, je quittai l’appartement de Nikolai pour un studio à Moksva-City, l’argent que j’avais économisé me permit de vivre au cœur même de Moscou. Je rendais visite à Nikolai toutes les semaines, et continuait ainsi à dominer ses amis, les amis de ses amis, etc. Ma carrière professionnelle évolua en même temps, et je pouvais maintenant suppléer la directrice. Je choisissais certains spectacles, réalisais des mises en scènes.
Je vis la montée au pouvoir d’Adam Mitya, homme que j’avais pu côtoyer une fois ou deux. À son élection, Nikolai m’emmena dans ses bureaux pour me le présenter, et je sus immédiatement que cet homme aiderait le BDSM à avoir meilleure réputation. Car il faut l’avouer, des tas d’hommes ont fui lorsque je leur ai demandé si je pouvais les dominer.