3 Mars 1990 : naissance, années collège et lycée.
« C'est encore une fille Mme Dourtchenko. » « Oh... » Ma mère avait eu l'air déçu lorsqu'elle avait su que je n'étais pas le petit garçon qu'elle attendait mais elle s'en était vite remise quand elle m'avait vu pour la première fois. Mon père était resté fidèle à lui-même, froid et silencieux. Un mince sourire avait fait irruption sur ses lèvres, le seul qu'il ait fait à ma naissance. On aurait presque pu lui demander si il était satisfait, qu'il aurait répondu qu'un truc clochait mais que dans l'ensemble, ça pouvait aller. Je suis sa fille quand même... Bref, mon enfance se déroula plutôt bien. Bien que mes parents avaient des horaires de ministre, que se soit à cause de leur travail (ils étaient chirurgiens tous les deux) ou à cause de leurs soirées mondaines, ma grande sœur âgée de 2 ans de plus que moi, me gardait dès lors qu'elle a pu le faire, ce qui m'évita de passer de nounous en nounous. Je ne savais pas par quel miracle elles les avaient convaincus de la laisser faire mais ils avaient cédé pour notre plus grand bonheur. Certes, on avait une gouvernante et un majordome mais vu que ma sœur était là, ils nous laissaient plus de libertés. Nous n'étions pas pourries gâtées mais nous ne manquions de rien, c'est quelque chose que je ne pourrai pas leur reprocher au moins. Ils savaient être fiers de nous quand il le fallait et nous donner un peu d'amour quand on en avait besoin. Trop de perfection... Personne n'est parfait. Lorsque je grandis, les choses changèrent. J'eus le droit à des leçons sur la bienséance et ce genre de choses... Pas le droit de coucher avant le mariage, etc. Ma sœur était prête à suivre toutes ses règles plus débiles les unes que les autres. Moi, ça m'ennuyait plus qu'autre chose. Je revenais de cours et je devais encore assister à une classe sur comment se comporter en société. Plus barbant que ça, tu meurs. Au lycée, ils n'arrêtaient pas de me fliquer. Ils étaient sûrs que j'allais faire honte à la famille. Notamment à cause de mes fréquentations qui ne faisaient pas partis de « notre monde ». J'étais assez rebelle sans l'être. C'était plutôt ma maladresse, comme je le disais, qui m'amenait dans des situations dont je me serai bien passée. Ma meilleure amie était tout l'opposé de moi, très populaire sans non plus se la péter, connue et appréciée de tous mais très portée sur le sexe, contrairement à moi... Elle m'a enseigné quelques trucs que j'aurai préféré ignoré et combien de fois elle m'a demandé de l'accompagner à ses soirées en me disant que j'allais m'amuser. J'en avais entendu parler mais, en réalité, ça me faisait un peu peur ce genre de trucs. Et puis, je ne pouvais pas me permettre d'y aller. Je ne buvais pas, je ne fumais pas et je ne couchais pas... J'étais une élève très sérieuse, j'ai d'ailleurs eu mon bac avec mention très bien. Si il y avait pu avoir « excellent », je crois que le jury n'aurait pas hésité à me l'accorder. J'en ai toujours été très fière et mes parents aussi. Heureusement pour moi, qu'ils ignorent tout de ce que mon amie m'a forcé à faire l'année de ma majorité.

21 Juin 2008 : première soirée.
« Allez Nat', bouge-toi, on va être en retard ! » Me presse ma meilleure amie devant la porte de sa salle de bain. Je passe la semaine chez elle, loin de l'influence de mes parents, bien que j'ai mon appartement, ils sont du genre à passer quand ça leur chante et c'est un peu embêtant. Voilà la raison de ma présence ici et aussi parce qu'elle m'a invité et que j'adore passer du temps avec elle. Elle n'est pas russe d'origine mais américaine. « Deux secondes Anastasia... Et puis je peux pas sortir dans cette tenue, cette robe est beaucoup trop... » « Chut. Sors, tout de suite. Faut bien s'amuser dans la vie, allez quoi, t'as 18 ans, profite sinon tu vas finir vieille fille avant l'heure ! » Elle n'a pas tort mais pas totalement raison non plus. Je finis par ouvrir la porte lentement, pas tout à fait convaincue. Elle me reluque de la tête aux pieds, sans gêne, ce qui me fait rougit et me fait un pouce signe que c'est parfait. Je la regarde, perplexe mais elle me prend par le bras et m'entraîne à l'extérieur de son douillet et confortable appartement. J'ai un peu peur à vrai dire. Si j'ai bien compris, c'est une soirée pour les sado-maso ou un truc dans le genre... Dans quoi est-ce que je me suis embarquée encore ? J'ai la boule au ventre et je ne lâche pas le bras de ma meilleure amie. Je crains qu'on me saute dessus. Pourtant, lorsqu'on arrive, on a l'impression de débarquer dans une soirée pour les bourges de la ville, ce qui est un peu le cas au premier abord. « Alors, tu vois que c'est pas si terrible. » Souffle-t-elle à mon oreille en souriant avec malice. Je fais la moue et nous avançons dans la pièce, pas mal de regards se tournant vers nous à notre passage. Ça me met mal à l'aise tandis qu'Ana en joue un peu pour s'amuser. J'aimerai bien lui dire d'arrêter mais à quoi ça servirait ? Elle n'en ferait qu'à sa tête comme moi quand j'ai décidé que je ferai ça et pas autre chose. J'aurais mieux fait de rester chez moi à étudier mes cours de médecine. Parce que oui, je suis en fac de médecine au fait ! Bref, on nous accoste plusieurs fois et le début de la conversation est plutôt basique et « normale » puis on commence à aborder le dit-sujet et là, ça devient trop compliqué pour moi. Je n'y comprends rien. Certes, je connais notre anatomie par cœur mais j'ignorais qu'on pouvait faire autant de chose avec. J'ai envie de prendre mes jambes à mon cou et fuir. Ana s'en rend compte et nous décidons de nous isoler un peu. Ça fait beaucoup à digérer et je ne suis pas sûre que j 'ai envie de faire ce genre de choses. En plus, si mes parents le savaient, ils me tueraient sur place. Je serai obligée de leur cacher une partie de ma vie comme si j'avais une double vie. Non, je m'y refuse. Je décide de rentrer mais Ana ne veut pas repartir bredouille. Soit, moi je m'en vais. A regrets, elle me raccompagne jusqu'à la sortie et s'assure que tout va bien avant de retourner à l'intérieur. Je m'en veux un peu de la laisser seule avec tous ces gens mais je sais qu'elle s'en sortira très bien alors je rentre et me remets à travailler pour oublier cette drôle d'expérience. Je suis toujours vierge, tout va bien. Je suis le chemin de ma sœur enfin ça, c'est ce que je croyais...

30 Juillet 2014 : rencontre Nikolaï.
Ma meilleure amie n'a pas arrêté de me demander de l'accompagner par la suite mais à chaque fois je refuse. J'ai eu ma dose. Pourtant, elle semble décidée à m'y emmener à nouveau. Un jour, excédée par sa ténacité, je craque. On s'y rend et puis, bizarrement, je m'acclimate plus vite à l'ambiance. Je m'amuse même un peu et j'oublie où je suis, qui je suis un temps. Retour à la réalité quand je reprend ma vie « normale ». Je n'ai toujours rien fait et pour le moment, ça ne me dérange pas. Je veux prendre mon temps. Fort de son succès, Anastasia, trois semaines plus tard, m'entraîne à une autre soirée. C'est au cours de cette fameuse soirée où je fais la rencontre de Nikolaï. Il est beau, il est même divinement beau. Je n'arrive pas à décrocher mon regard du sien, il m'hypnotise. Le pire, c'est qu'il le sait et il en joue. On fait connaissance, Anastasie est aux anges et s'en va plus loin pour nous laisser tranquille. Je me dis qu'elle ne perd rien pour attendre puis me focalise, de nouveau, sur le jeune homme. Il a tout pour lui, ses yeux sont magnifiques, sa peau est parfaite enfin tout chez lui est parfait... Quelque chose en moi essaie de mettre en garde. Mon instinct ? Ma conscience ? Et puis autre chose, me dit de ne pas réfléchir et foncer. Un désir profond en moi a envie de goûter à cette chose interdite qu'est le sexe. Je ne pensais pas perdre ma virginité avec lui et pourtant, c'est ce qui arriva. Il m'a fait découvrir une facette de ma personnalité que je ne soupçonnais pas et malgré ma maladresse, il m'a demandé plusieurs fois, les nuits suivantes, de coucher avec lui. Peut-être mon inexpérience en la matière qui l'attirait, quoiqu'il en soit, il n'y a qu'avec lui et seulement avec lui, que je me sens capable de faire tout ce que l'on fait. C'est tellement intense. Rien qu'à y penser, j'en rougis et chose que je n'avais pas prévu non plus, j'éprouve des sentiments pour lui ou tout du moins, je ressens un petit quelque chose et il me trouble. Je suis encore plus empotée en sa présence. Bien sûr, mes parents ne sont au courant de rien et dieu merci. Je crois qu'ils en feraient une crise cardiaque... Ma sœur est restée sur le « droit chemin ». J'aurais pu faire pareil si je n'avais pas croisé ce don juan. Je me refusais à avoir une sorte de double vie quelques années en arrière et pourtant, c'est ce que je suis en train de faire avec Nikolaï. C'est très excitant. Y a dès fois où je ne me reconnais pas et j'aime bien la nouvelle moi. J'aime bien celle que je suis devenue grâce à lui. J'aurais quand même aimé tomber sur mon prince charmant, quelqu'un de romantique enfin comme tout le monde en rêve... mais peut-être que je l'aurais mon histoire d'amour, qui sait ?