Je suis ton pire cauchemar. Je suis celui que tu redoutes de croiser au détour d’une ruelle, je suis celui que tu regardes en baissant les yeux en espérant qu’il ne te veuille rien de mal. Je suis celui qui a toujours un flingue sur lui et un sachet de poudre dans les poches. Pourtant je ne suis pas un junkie. Je vends, je revends. Des armes, de la drogue, des faux-papiers. Mon business, je l’ai monté tout seul. J’ai appris qu’on ne pouvait se fier à personne, qu’on n’était jamais mieux servi que par soi-même. J’ai appris à haïr le monde entier quand la prostituée qui m’a mis au monde m’a dit que le monde entier me haïssait. J’ai appris à tuer quand mon beau-père m’a forcé à le sucer. Je suis un marginal, un délinquant depuis que j’ai onze ans, j’ai appris à dealer avec les grands de mon quartier, j’ai appris à m’imposer. A vingt ans, je suis entré dans l’armée. J’ai tenu des armes pour la première fois de ma vie, j’ai su ce qu’était la loyauté et la solidarité lorsque j’ai vu mes compagnons se jeter à travers les sifflements des balles pour protéger leurs frères. J’ai appuyé sur la gâchette d’une mitraillette un million de fois. J’ai senti le sang chaud sur mon visage, j’ai enlevé des bouts de cervelle de mes vêtements. A la guerre, on m’a bétonné le coeur, on m’a forcé à oublier ce qu’étaient les émotions. Je suis devenu une machine à tuer, un robot implacable au coeur de pierre. Puis je suis parti, parce que recevoir des ordres, ça n’était pas pour moi. J’ai déserté, et depuis, le gouvernement me pourchasse. En voyageant à travers le monde, je me suis fait des contacts, mais aussi des ennemis. Beaucoup d’ennemis. Je me suis mêlé à des histoires de gang, de mafias, et chaque ça tournait mal parce que je voulais m’barrer. J’ai tué en échange de billets, je me suis drogué, j’ai baisé, j’ai bu, j’ai fait tout ce qu’un homme devrait faire dans sa vie. J’ai aussi fait d’la tôle, et mon réseau s’est étendu. Je me suis fait tatouer sur le corps toute l’histoire de ma vie. Sur mon bras, la Faucheuse guette mon heure. J’ai participé à des combats, en prison, je les ai tous gagnés. Je ne ressens pas la douleur, je ressens juste un instinct animal qui me pousse à être violent. Le sexe, la violence et le sang, voilà tout ce qui me libère. Je me suis fait un nom à Moscou. On réclame tantôt mes services de tueur à gages, tantôt ceux de trafiquant d’armes. Pour couverture, je travaille comme gérant d’une boîte de nuit. Les putes qui y trainent se retrouvent soit avec un môme dans le ventre, soit avec une balle dans la tête. J’aime avoir le contrôle. Je suis un dominateur-né. On ne me dit jamais ce que je dois faire, on ne me reproche jamais ce que j’ai fait. On me craint et on me respecte, et j’aime ça.
Je me comporte comme ce que je suis, un fils de pute.