Au volant de ma Rolls noire, hyper tape-à-l’œil mais avec laquelle je m’éclate sur la route, j’enfonce la pédale de l’accélérateur alors que je slalome dans les rues immenses de Moscou. C’est grisant, cette vitesse qui te fait croire que t’es invincible. J’sais pas trop où je vais, alors je fais des tours et des tours, j’ai pas forcément envie de sortir ce soir mais j’ai quelques commissions à terminer. Dans mon coffre sont rangées trois belles armes de qualité, une mitraillette XM806 et deux M249, toutes très rares sur le marché puisqu’elles sont exclusivement réservées aux bases militaires. Mais j’ai pas voyagé pour rien, j’ai pas fait la guerre pour me faire plaisir, tout ce que j’ai fait c’était pour me construire un réseau de relations. Dans le monde de l’illégalité, tu peux pas te permettre de débarquer sans connaître personne, sinon tu t’fais buter à la première seconde. Alors avant d’me lancer dans le trafic d’armes organisé, j’me suis informé, j’me suis fait des potes, j’ai rencontré des clients potentiels. Et tout a fonctionné. Maintenant j’ai même des contacts dans la base militaire de Moscou, et ils me vendent des armes en échange de quelques services pas très orthodoxes. J’entends la sonnerie de mon téléphone et je décroche brusquement. La conversation dure quelques secondes à peine, c’est mon client de ce soir, un enfoiré de fils à papa que je peux pas saquer, avec ses poches bourrées de fric que j’lui ferais bien bouffer. « On se retrouve dans cinq minutes à l’ancienne gare désaffectée. Sois pas en retard. » L’ancienne gare, c’est le repère de tous ceux qui baignent dans l’illégalité. T’y croises autant des dealers de marijuana dégueulasse que des membres de cartels de tueurs à gages. Mais au moins là-bas, les autorités nous foutent la paix. Elles se doutent bien qu’il se passe des trucs louches, mais ils savent aussi qu’ils se feront buter s’ils vont là-bas. En arrivant, je gare la Rolls dans un crissement de pneus et je descends rapidement, une cigarette coincée entre les lèvres. Je scrute les environs pour voir où est-ce que le richou s’est planqué. J’allume ma cigarette, je tire, j’attends. Sa bagnole ne tarde pas à arriver, et il sort, visiblement nerveux. Je n’attends pas qu’il vienne jusqu’à moi pour ouvrir le coffre. Je l’entends derrière moi. « Vous n’avez pas peur qu’on se fasse pincer ici ? C’est assez fréquenté.. »Je lève les yeux au ciel, ça doit être le premier de mes clients qui me vouvoie. Je sors les mallettes qui contiennent les armes et me retourne vers lui. « Ta gueule et donne-moi le fric. » Il me dévisage, probablement impressionné par mes tatouages, puis il fouille dans ses poches pour en sortir une grosse enveloppe. Je pose les mallettes sur le sol et les ouvre devant lui. Ses yeux brillent de convoitise quand je lui explique les qualités de chacune des armes. Il me tend l’enveloppe, je la prends, recompte les billets, et la fourre dans ma poche. Le mec ramasse les mallettes et tente un faible « Au revoir, bonne soirée » auquel je ne réponds même pas. Je démarre en trombe, et je retourne dans le centre de Moscou. Je finis par me garer en plein cœur de la ville. Je sais où j’vais aller. Au Lux Bar, ça fait longtemps. Le patron est un ami à moi, et il est plutôt cool. Je pousse la porte du bar et balaie la pièce d’un regard froid. Bordel, y’a du monde ce soir. Comme d’habitude lorsque j’entre quelque part, on me dévisage bêtement pendant quelques secondes avant de retourner à ses conversations. Je m’approche du bar et salue le gérant, qui me tend une bouteille de vodka avec un clin d’œil. Je fais le tour de la pièce en cherchant une place où m’asseoir, mais putain c’est vraiment blindé aujourd’hui. Je finis par repérer une chaise vide, en face d’une nana aux cheveux noirs qui semble être toute seule. Je me fous de savoir si elle attend quelqu’un ou j’en sais rien quoi, je m’assois parce que j’ai envie de m’assoir. J’allume une cigarette et me décontracte en regardant les poivrots tituber sur le plancher. J’ouvre la bouteille de vodka et en boit une bonne gorgée, avant de fixer la nana en face de moi. Elle a pas l’air très contente que j’me sois assis là sans sa permission, mais je m’en branle, je fais ce que je veux. Elle a l’air d’avoir un sacré caractère de merde, le genre de nana que j’peux pas voir en peinture, qui pense que tout lui est dû et surtout, qui pense qu’elle peut tout contrôler. Je finis par l’ignorer royalement, buvant une autre gorgée de vodka sans plus de cérémonie.
Dernière édition par V. Jayden-James Collins le Mar 11 Fév - 20:57, édité 1 fois
J’occupe assez souvent mes weekends au Lux Bar, pour discuter un peu avec Aaliyah qui bosse ici de temps en temps mais aussi parce que c’est un endroit très cool, où l’ambiance est toujours au rendez-vous. Je n’ai pas pu embarquer Aaliyah avec moi, elle a dû rester derrière le comptoir toute la soirée, alors je me retrouve vite seule à danser sur la piste. Je m’en fous, il est pas trop difficile de trouver quelqu’un avec qui danser, surtout à une heure passée. Un homme, d’une trentaine d’année, a d’ailleurs l’air de bien apprécier ma façon de danser. Il me propose de m’offrir quelques verres et j’accepte, je sais très bien ce dont il a envie, ce qui m’amuse en fait. Tandis qu’il va faire la queue au bar pour acheter à boire je trouve une table un peu isolé de la piste de danse, m’éloigner un peu de la musique fait du bien à mes oreilles. Peu de temps après, un assez grand homme s’approche de ma table, il est tatoué de partout et n’a pas l’air bien net. Bon, je ne suis pas sobre non plus, mais on dirait vraiment qu’il est drogué ou alcoolique. Une bouteille à la main, il s’assoit en face de moi sans ouvrir la bouche, sans même me demander s’il peut se mettre là. Je le fusille du regard, histoire de lui faire comprendre qu’il doit dégager, mais ça n’a pas l’air de le déranger plus que ça. Il fume tranquillement une cigarette pour ensuite boire dans sa bouteille de vodka. Non mais où il se croit celui-là ? Quand il repose sa bouteille sur la table, je la pousse suffisamment fort pour qu’il soit obligé de la rattraper et de me regarder. Enfin, je crie : « Je sais pas comment t’as appris à vivre toi, mais dégage, j’attends quelqu’un » Bien sûr, il s’en fout complètement, il rigole comme un abrutit. C’est le genre de truc qui me fait perdre mon sang-froid, et je suis plutôt du genre à m’emporter vite, surtout face à quelqu’un comme lui, qui se croit tout permis. Je tapote nerveusement du pied contre la table, attendant qu’il veuille bien se lever et poser son cul ailleurs, ce qui n’arrive bien sûr pas. Toutefois, ses tatouages sont quand même très intrigants, et je n’arrive pas à lâcher mon regard de sa mâchoire, où toutes ses dents sont dessinées. C’est quand même plutôt flippant, mais très bien fait. Je secoue la tête, lui demandant une nouvelle fois de partir. « Sérieux, il y a d’autres places ailleurs ! » Il continue de rire, tandis que monsieur inconnu arrive, deux verres à la main. Il les pose brutalement sur la table, me jette un regard des plus froids avant d’hurler : « Ça va, je vous dérange pas trop ? Mais allez-y, ne vous gênez surtout pas. » Je soupire. J’ai même pas envie de me justifier, je ne suis pas là pour me prendre la tête, juste m’amuser. Du coup il prend mon manque de réaction pour de la désinvolture et retourne sur la piste de danse, non sans m’avoir traité de pute avant. Il a quand même laissé les deux verres et je bois le premier d’une traite, puis le second. C’est un cocktail un peu bizarre qui me tourne la tête quelques instants, ce qui me fait sourire. Monsieur Tatoué doit croire que je cherche à le draguer ou je ne sais qu’elle autre bêtise, alors j’ajoute : « Merci d’avoir laissé filer mon SEUL plan de la soirée. Quelle amabilité. » Ce n’est pas parce que son squelette est tatoué sur son corps qu’il doit agir de cette façon, mais bon, maintenant que mon inconnu est parti, ma colère retombe un peu. S’il ne veut pas bouger, tant pis. Au moins, il a de la vodka.
Parfois, on croise la route de personnes qui disent avoir « du caractère ». Mais au final, quand on les approche d’un peu plus près, il s’avère qu’elles n’ont rien dans ventre, et qu’elles se pissent dessus au moindre conflit. J’en connais des tas, des gens qui ont une grande gueule mais qui l’ouvrent jamais quand il faut. Des mecs qui font les fiers en soirée mais qui pourraient accepter de te bouffer la queue sans aucune dignité si jamais tu menaces leur vie minable. Des nanas qui se pavanent et qui parlent fort dans les bars et qui ferment leur gueule dès que tu hausses un peu le ton. Ces gens-là me font pitié, à jouer sur deux tableaux, sans réellement s’assumer. Soit t’as du caractère soit t’en as pas, faut faire avec. Et pour le coup, la brunette assise en face de moi, elle s’assume pas à moitié. Depuis le départ j’la sens pas, elle me fixe depuis que j’ai le cul posé sur la chaise en face d’elle. Je l’entends gueuler une première fois et j’hausse un sourcil, avant de retourner à ma bouteille de vodka sans répondre. Sérieusement, elle se croit où ? J’en ai rien à foutre qu’elle attende quelqu’un, il aura qu’à s’installer sur ses genoux de poufiasse trop maquillée. Moi j’reste à ma place et j’bouge pas, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de place ailleurs. Et si elle pense que c’est en m’ordonnant de partir que j’vais le faire, elle peut se foutre le doigt dans le cul. Une chance que je sois venu ici pour me détendre parce que sinon j’aurais déjà perdu mon sang-froid. Dommage aussi que ce soit un endroit public parce que si elle continue elle risque de se prendre mon poing dans la figure. J’aime pas qu’on me provoque, j’aime pas qu’on me parle mal. Elle me dévisage encore, et je persiste à l’ignorer. Elle me relance avec un ton agacé, et cette fois ça me fait plus sourire qu’autre chose. Elle est en train de s’énerver toute seule, et pour en rajouter une touche je lève mon majeur dans sa direction. Au même moment, un homme sorti de je ne sais où débarque en posant deux verres sur la table et en hurlant comme un porc sur la demoiselle en face de moi. Je fronce les sourcils avant de me retenir de rire. J’affiche un regard moqueur en le voyant s’éloigner, encore plus furieux que la brunette ne l’était quelques secondes plus tôt. Je suis l’homme du regard, étonné que la demoiselle n’ait pas réagi à ses insultes. Bordel, elle se fait traiter de pute et elle ne lui crache même pas au visage ?
Je me tourne vers elle, et hausse les sourcils. Voilà qu’elle me sourit, maintenant. Mon regard tombe sur les deux verres vides en face d’elle et je comprends mieux, soudain. Alors c’était lui son plan de la soirée ? Je ne peux m’empêcher de lui répondre, une lueur amusée dans les yeux. « Attends, tu déconnes, c’est lui ton plan ? T’as bu combien de verres avant de t’enfiler ceux-là ? Sérieusement, il était dégueulasse. » J’en profite pour avaler une gorgée de vodka avant d’interpeller un barman qui passe par là, et lui commande deux cocktails, puisque la demoiselle ne semble pas avoir l’intention de rejoindre son ex-futur-plan et que je ne compte pas bouger non plus, autant qu’on ne se déshydrate pas sur place. J’suis pas galant ni rien, c’est pas pour la séduire que je commande ces verres, souvent les gens voient des signes là où il n’y en a pas. C’est juste qu’on a l’air condamnés à passer la soirée à la même table que j’ai pas envie de me prendre la tête, alors autant la jouer sympa. J’ajoute froidement. « Il t’as traitée de pute, au fait. Alors soit t’es bouchée, soit t’aimes bien te faire insulter par un gros porc en manque de sexe depuis une dizaine d’années, et dans ce cas là ça craint pour ta dignité. » Elle a pas l’air du genre à se faire emmerder, alors j’me demande juste pourquoi elle a pas réagi, c’est tout. Y’a des nanas qui laissent passer ce genre d’insultes, qui s’en foutent parce que de toute façon elles en ont pas assez dans les tripes pour gueuler, mais elle elle a pas l’air comme ça. Enfin, peut-être que j’me trompe, hein. A Moscou, j’en vois des vertes et des pas mûres depuis que j’suis arrivée ici. J’ai appris que même des hommes aussi musclés que moi, aussi durs à cuire, peuvent aimer se faire insulter et cravacher lorsqu’ils se retrouvent au lit, alors franchement plus rien ne m’étonne. Les cocktails arrivent, j’en glisse un sous le nez de la brunette. Faudrait que je lui demande son nom, un jour ou l’autre. « Tu peux encore le rattraper pour lui mettre une sacrée trempe, tu sais. » Je souris, amusé. Je lui lance avec un air de défi. « Je te garde la place si tu veux. » Et je désigne le gars dégueulasse qui repasse près de nous en nous jetant un regard mauvais.
La sensation de plénitude qui commence à m’envahir est plutôt agréable, et je regrette de ne pas avoir plus à boire. Face à mes reproches, Monsieur Tatoué prend un air ironique : « Attends, tu déconnes, c’est lui ton plan ? T’as bu combien de verres avant de t’enfiler ceux-là ? Sérieusement, il était dégueulasse. » Je sais pas trop pourquoi, l’alcool sans doute, mais sa remarque me fait rire. On ne satisfait avec ce qu’on peut. Et puis, très franchement, j’men fiche de sa calvitie naissante et de son air bourge. Il a au moins eu la décence de me payer à boire, lui. Cessant de rire, je lui réponds, sur la défensive : « Ça m’est égal qu’il soit dégueulasse, tant qu’il a ce qu’il faut où il faut. » Comme s’il avait entendu mes pensées, Monsieur Tatoué commande deux verres, avant d’ajouter plus froidement : « Il t’as traitée de pute, au fait. Alors soit t’es bouchée, soit t’aimes bien te faire insulter par un gros porc en manque de sexe depuis une dizaine d’années, et dans ce cas là ça craint pour ta dignité. » Je secoue la tête, sans le quitter des yeux. « Tu sais, y’a des fois où t’en a plus rien à foutre de ce genre d’insulte. On va pas dire que je suis habituée, parce que ça ferait grosse pétasse, mais bon, avec mon métier, c’est assez courant. » En dansant à moitié à poil toutes les semaines, je suis plutôt habituée à ce genre d’insultes. Et quand on a un patron sur le dos et qu’on se fait traiter de pute, on va pas forcément aller remballer le type. Je voulais continuer, mais me tais quand le barman vient poser les deux verres sur ma table – devenue notre table. Monsieur Tatoué me donne un des deux verres, je le remercie même s’il n’a pas l’air de s’en préoccuper. Moi, au moins, je suis bien élevée. Ce qui n’a pas vraiment l’air d’être son cas. Oubliant ce que je voulais dire précédemment, je bois le verre cul sec, la nuque penchée en arrière, la tête me tourne de nouveau et je crois que je vais pas tarder à être bien saoule. Tant pis. Le seul truc qu’il trouve à me dire c’est « Tu peux encore le rattraper pour lui mettre une sacrée trempe, tu sais. » Je ris nerveusement, alors qu’il continue : « Je te garde la place si tu veux. » Je le vois tourner un peu la tête, le mec passe à côté de nous en nous fusillant du regard. Pendant un instant, je suis tentée d’aller lui en foutre une, parce que je sais que Monsieur Tatoué ne m’en croit pas capable. Il doit se dire que je suis une pauvre fille faible, une connerie du genre. Et justement, j’ai envie de lui montrer que ce n’est pas le cas. C’est juste que j’en ai plus rien à foutre de me faire insulter de pute. Je me mords la lèvre, de plus en plus hésitante. Mon regard s’attarde sur mon premier plan, qui continue à nous dévisager sans gêne. « C’est un défi ? » je lance à Monsieur Tatoué, en le regardant de nouveau. Vu la tête qu’il fait, j’en déduis que c’en est effectivement un. Il veut vraiment voir de quoi je suis capable ? Je lâche un « Ok » assez sec mais, avant qu’il ait eu le temps d’attaquer son verre, je l’attrape et le bois, cul sec comme le premier. Quand je me lève, il me faut quelques instants avant d’être bien stable, puis je fonce vers mon trentenaire et me plante devant lui. L’alcool me donne un élan de je ne sais trop quoi et je lui fous une première gifle, en lâchant qu’il avait pas à me parler comme ça, et une seconde, pour le plaisir. J’aime bien la violence, mais que sexuelle. Il faut dire qu’avec l’alcool que j’ai bu, je ne m’en rends pas vraiment compte de ce que je fais. Le mec semble plutôt abasourdi et tourne les talons, pour aller dehors sûrement. Je retourne m’assoir vers Monsieur Tatoué, mais je le fusille du regard. « Je suis pas une mauviette, comme tu aurais pu le penser plus tôt. » Je m’approche de lui, les coudes en appui sur la table et continue, aussi sèchement : « Sache que j’ai pas tellement l’habitude de faire ce qu’on me dit, j’ai même plutôt horreur de ça, mais je relève toujours un défi. » Au moins, il saura à quoi s’attendre avec moi. Merde quoi ! C’est pas parce que je l’ai laissé faire que je suis faible. J’aime pas qu’on puisse penser ça de moi, et encore moins venant d’un mec qui ne connaît pas la politesse. Je m’adosse confortablement contre le siège, les yeux un peu dans le vide. Il va falloir que j’y aille plus doucement sur l’alcool si je ne veux pas finir dans les toilettes avant l’heure. Pourtant, j’ai très envie de me mettre dans un état où je me souviendrai de rien, et encore moins de mes premiers mois de boulot, qui étaient plutôt horribles. Merci Monsieur Tatoué. Je relève la tête et le dévisage, après avoir repris mes esprits. « Bon, j’espère que tu as quand même quelques bonnes manières. Parce que je conte pas sortir de cette boîte avant d’oublier cette soirée merdique. Et puisque tu as décidé de rester ici avec moi… »
La soirée commence à devenir pour le moins intéressante. Je n’avais pas prévu de m’éterniser au bar, mais je vais probablement y traîner encore plus tard que d’habitude au vu du déroulement des événements. D’une, la brunette en face de moi n’arrête pas de s’envoyer des verres d’alcool dans le nez, et même si elle a l’air de bien tenir pour le moment elle ne semble pas décidée à rester sobre ce soir. Perso, je m’en fous, elle fait bien ce qu’elle veut, mais il est hors de question que je termine ma soirée à lui fourrer mes doigts au fond de la gorge pour qu’elle puisse vomir tout ce qu’elle a avalé. Et de deux, l’histoire dans laquelle je me suis fourré m’amuse plus qu’autre chose. Je veux bien être un fouteur de merde, mais pour le coup j’ai pas fait grand-chose. J’ai juste eu à m’asseoir sur une chaise pour que la brunette se fasse jeter et insulter par son premier plan. Alors je reste, d’autant plus que la nana ne me laisse même pas l’occasion de boire mon propre verre. J’écoute d’un air absent son blabla sur son métier, parce que j’en ai croisé des tas dans son genre qui prennent leur métier comme excuse. Ben quoi, t’es une pute ? Elle en a pas l’air, alors sûrement qu’elle doit être strip-teaseuse ou quelque chose dans le genre, mais ça empêche pas que tu gardes ta dignité et que tu remballes ceux qui t’insultent. Tout ce que je trouve comme réponse, c’est un haussement d’épaules blasé. J’comprendrai jamais les nanas, et leur délire étrange de vouloir utiliser leur corps pour se payer leur loyer. Bon, ça m’arrange bien quand j’ai envie de voir des jolis culs se déhancher devant moi, mais faut être bien naïve pour penser que tu t’en sortiras avec ce boulot. Après peut-être qu’elle aime bien, je sais pas hein. J’lui demanderai sûrement à l’occasion.
J’adore les défis, autant quand j’en lance que quand je les relève. Et vu tout l’alcool qui circule dans les veines de la brunette je sais que je peux en profiter un minimum. Bien souvent c’est lorsqu’on a bu qu’on affirme le plus son caractère, c’est pour ça que je la provoque un peu sur le fait qu’elle s’est fait humilier par un gros porc. Je la dévisage en souriant en coin, elle hésite un peu, mais je sais bien qu’elle va pas tarder à se lever pour aller toucher deux mots au pervers qui continue de nous fixer comme des bêtes de cirque. D’ailleurs, ça ne manque pas. Je soupire quand je la vois s’emparer de mon verre, et lève presque aussitôt la main pour en recommander deux autres – dont un que je compte bien garder pour moi, cette fois. Amusé, je la suis du regard en portant la bouteille de vodka à mes lèvres. Et franchement, je donnerai tout ce que j’ai pour revoir la scène qui vient de se produire. Comme si une seule gifle ne suffisait pas, voilà qu’elle lui en retourne une deuxième, toute chancelante sur ses talons. Quelques clients ont vu la scène et ne bronchent pas, ça arrive souvent ici. La brunette se rassied en face de moi et je fais mine de frapper dans mes mains pour l’applaudir. « Si j’avais pu imprimer la gueule du type, je l’aurai affichée sur tous les murs de mon appart. » Je souris, y’a rien d’ironique dans ce que je dis, elle a eu du cran de le faire et c’est surtout ça qui compte. Je hausse les sourcils quand j’aperçois son regard noir. « Eh, je t’ai forcée à rien ma grande, t’as fait ça toute seule, et j’ai même pas eu besoin de te traiter de mauviette pour que t’y ailles. » Je sors une cigarette de mon paquet, et je l’allume tranquillement. Interdit ou pas, j’en sais rien mais je fume quand même. J’sais même pas si ça se remarquera au milieu de toute cette foule. Je l’observe un instant. « Si je ne t’avais pas dit d’aller lui foutre une gifle, tu n’y serais pas allée, hum ? » Je penche la tête sur le côté, avec un air provocateur. « C’est quand je te l’ai dit que tu t’es levée. Donc ton histoire de « j’ai horreur qu’on me dise quoi faire », j’y crois moyen. » Les verres arrivent, je m’empare du mien et boit dedans avant qu’elle ne me le termine. De nouveau, je lui en glisse un sous le nez. « Détends-toi, j’te taquine. Tu ferais mieux de me remercier, j’suis en train de vider mon compte en banque pour pas que t’aies soif. » Je tire lentement sur la cigarette, et je l’écoute sans dire un mot. Soirée merdique ? Elle est pas très positive, la brunette, sachant que la soirée en question vient de commencer. Je lui adresse un clin d’œil, avant de boire une autre gorgée de vodka. « J’te promets que demain matin t’auras un trou noir quand t’essaieras de te souvenir de ce qui s’est passé. Mais me demande pas de te tenir les cheveux quand tu vomiras dans les toilettes, parce que là tu peux toujours crever. » Je poursuis en essayant de reprendre mon sérieux. « C’est quoi ton nom ? »